Comment pêcher la truite au toc pendant la fonte des neiges ?

Pêcher la truite au toc pendant la fonte des neiges, est parfois difficile. La hausse du niveau des eaux, sa température et son débit plus important imposent de redéfinir notre stratégie de pêche. Le choix du torrent en fonction de sa taille, de son bassin versant ou de son altitude devient un point crucial qu’il convient d’appréhender avec soin.

Au printemps, l’augmentation du niveau des eaux dans les torrents alpins rend la pêche compliquée de mi-avril à fin juillet. Il convient alors de trouver des linéaires en tête de bassin, au débit moins important, ou des rivières avec un bassin versant limité, ou situé en plus basse altitude.

Les clés pour pêcher la truite au toc pendant la fonte des neiges

Dès que la température se réchauffe en altitude, la neige entreprend sa fonte et vient grossir le débit de nos rivières. Ces eaux froides, très peu minéralisées, n’ont pas un impact très bénéfiques sur la pêche, et le débit des rivières, qui enfle à mesure que s’effectue la fonte, les rend parfois quasiment impraticables pour la pêche en dérive naturelle. Il conviendra alors de trouver des solutions de repli pour pouvoir continuer à pratiquer la pêche de la truite au toc avec efficacité.

Quand intervient la fonte ?

La fonte des neiges intervient dès que la température dépasse les 0°C, et de manière d’autant plus importante que la température est élevée. La température décroissant avec l’altitude, de l’ordre de 1°C tous les 165 mètres (ou 0,6°C par tranche de 100 m), on peut établir le point de fonte à une altitude donnée, appelée « isotherme zéro degré », ou « iso 0°C ». Cette altitude varie suivant la météo du jour (ensoleillement, témpérature…), l’alternance jour / nuit, ou encore la latitude du lieu. Dans les Alpes du Nord, la fonte débute tardivement, à partir de la mi-avril en dessous de 2000 m. Elle sera plus précoce dans les Alpes du Sud.

Torrent de montagne, sensible à la fonte à partir de début mai.
Torrent de montagne, sensible à la fonte à partir de début mai.

Qu’est-ce qu’un bassin versant ?

Pour pêcher la truite au toc pendant la fonte des neiges, il est important d’identifier le bassin versant de votre rivière. On désigne sous le nom de bassin versant l’espace géographique drainé par un cours d’eau et ses affluents. Considéré à son embouchure en Méditerranée, le bassin versant du Rhône comporte donc tout le linéaire du fleuve, jusqu’à sa source au col de la Furka, en Suisse, mais également ceux de tous ses affluents (Durance, Ardèche, Isère, Saône…). L’ensemble d’un bassin versant peut être représenté par une arborescence, chaque confluence venant grossir le lit du fleuve principal. « Les petits ruisseaux font les grands rivières » nous dit l’adage. C’est aux extrémités de cette arborescence, sur ces cours d’eaux que l’on qualifie de « tête de bassin », que l’on pourra trouver des débits d’eaux plus faibles pour pouvoir pêcher durant la fonte.

Le bassin versant du Guil, dans le Queyras (Hautes-Alpes).
Le bassin versant du Guil, dans le Queyras (Hautes-Alpes).

Quelle est l’influence de l’altitude sur la fonte des neiges ?

On a vu que la température baissait à mesure que l’on montait en altitude. Cela signifie qu’un torrent dont l’essentiel du bassin versant est situé à 1500 mètres subira la fonte des neiges plus tôt qu’un torrent dont le bassin versant est situé plus tôt, vers 2500 mètres. Une fois l’essentiel de la neige fondu, cette « tête de bassin » retrouvera également son niveau normal plus tôt dans la saison.

Comment choisir sa rivière pour pêcher la truite au toc pendant la fonte des neiges ?

Pêcher la truite durant la fonte des neiges requiert de choisir sa rivière avec attention. Lorsque la fonte des neiges débute, on observera une hausse du niveau des eaux sur les gros « collecteurs », en aval. Mais si on observe les têtes de bassin, on pourra constater que les rivières qui apportent l’essentiel de ces eaux sont essentiellement celles situées à une altitude modeste (autour de 1500 mètres à 2000 mètres). Plus haut, le froid est encore trop intense et la fonte ne commencera que plus tard, à mesure que l’isotherme 0°C va s’élever dans la saison. Lorsque celui-ci atteint les 2500, 3000, 3500 mètres, etc, la fonte va alors se déclencher sur ces linéaires. Mais sauf si on assiste à un réchauffement brutal, il y a de fortes chances, à ce moment-là, pour que la fonte sur les rivières situées en-deçà de 1500 mètres soit déjà terminée. De cet état de fait, on peut définir une stratégie pour choisir ses rivières :

Les meilleures rivières en fonction de la saison

Mois de mars

Toutes les rivières sont accessibles (étiage de printemps), la fonte n’a pas commencé.

Mois d’avril

La fonte débute en-dessous de 1500 mètres dans les Alpes du Nord (2000 mètres dans les Alpes du Sud). Les rivières intéressantes sont :

Les torrents avec un petit bassin versant,
Les torrents avec un bassin versant moyen, mais situé à une altitude inférieure à 1500 mètres.
Les torrents avec un bassin versant plus important mais dont l’essentiel est situé au-delà de 2000 mètres (2500 mètres pour les Alpes du Sud).

Mois de mai

Fonte importante autour de 2000-2500 mètres dans les Alpes du Nord (2500-3000 mètres dans les Alpes du Sud). Les rivières intéressantes sont :

Les torrents avec un petit / moyen bassin versant, situés dans les zones de piémont, type Préalpes (Bauges, Chartreuse, Vercors, Chablais, Aravis).
Les grandes et moyennes rivières alimentées par des massifs d’altitude moyenne (Doubs, Loue, Ain, Sorgue, Ouvèze, Chéran, Albarine, Drac, Drôme, Ardèche, Dordogne, Verdon…)

Mois de juin

Fin de la fonte en dessous de 2000 mètres, fonte importante de 2500 à 3000 mètres dans les Alpes du Nord. Ralentissement général de la fonte dans les Alpes du Sud. Outre les cours d’eau précédemment cités, les rivières intéressantes sont :

Les zones d’alpages, jusqu’à 2000 / 2500 mètres d’altitude et les lacs de montagne.
Les rivières moyennes alimentant les grandes rivières alpines ou en tête de bassin (Durance amont, Ubaye amont, Isère amont, Arc, Doron, Arly, Fier, Clarée, Guil, Guisane, Mercantour…

Mois de juillet et suivants

Fin de la fonte dans les Alpes du Nord (sauf glaciers). L’étiage est (très) prononcé sur les têtes de bassin et rivières moyennes de basse altitude. Les rivières alimentées par les grands massifs montagneux conservent un débit correct jusqu’à l’étiage qui débute à partir de la mi-juillet.

Trois outils pour identifier les bassins versants et estimer le débit des rivières ?

Si vous souhaitez pêcher la truite au toc pendant la fonte des neiges, plusieurs outils existent sur le web pour établir des estimations sur l’avancée de la fonte et l’étendue géographique des bassins versants :

Géoportail (IGN)

Le site cartographique Geoportail proposé par l’Institut géographique national permet de consulter des cartes topographiques en ligne. Pour une meilleure visualisation, choisissez les fonds de carte suivants :

Cartes IGN classiques : cinq échelles de cartes adaptées au niveau de zoom, dont les 1/100 000e et les 1/25 000e.
Carte topographique IGN : la version 1/25 000e seule
Geoportail (fond Carte IGN classiques)
Geoportail (fond Carte IGN classiques)
Geoportail (fond Cartes topographiques IGN)
Geoportail (fond Cartes topographiques IGN)

Vigicrues

Le site Vigicrues, du service national de la prévention des crues, alimenté en temps réel par 3200 stations de mesure dans toute la France. Ces stations mesurent la hauteur d’eau, et parfois le débit de la rivière en un point précis. Le site permet de visualiser les données brutes, mais aussi des courbes de tendance sur 3, 7, 14 ou 30 jours. Ces données sont ensuite compilées et disponible sur la banque Hydro pour des données annuelles. (non disponible pour toutes les stations).

Portail Vigicrues
Portail Vigicrues
Débit de la Loue, à Ornans (25). Site Vigicrues
Débit de la Loue, à Ornans (25). Site Vigicrues

Descente-canyon

 Le site Descente-canyon, créé par des canyonistes passionné, et en premier lieu destiné à cette pratique, ce site est intéressant pour estimer le débit d’un grand nombre de petites rivières de la zone alpines (entre autres). Cette estimation provient des pratiquants eux-mêmes, et correspond à une pratique « canyon ». Elle devra donc être adaptées pour la pratique de la pêche mais donne une bonne idée (pêchable en « Débit correct » et « Gros débit ») des conditions du moment. Le graphique des observations mois par mois présent sur chaque fiche-canyon est également très pratique pour appréhender la période de fonte, plus ou moins tardive. 

Débits participatifs, sur le site Descente-Canyon.
Débits participatifs, sur le site Descente-Canyon.

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