Choisir sa soie et son bas de ligne pour la pêche à la mouche

Après la vidéo consacrée aux cannes et aux moulinets mouche, cette nouvelle vidéo s’intéresse aux choix de sa soie et de son bas de ligne pour la  pêche à la mouche. Si le choix d’une soie ne pose pas de problème majeur, celui d’un bas de ligne parfaitement adapté à sa pêche demeure nettement plus épineux. Plutôt qu’une énième formule toute faite, qu’on appliquera sans réellement la comprendre, il apparait sans doute plus pertinent d’indiquer ici les bases d’un processus visant élaborer son propre bas de ligne, entre expérience personnelle et compréhension de ses besoins.

Choisir une soie pour la pêche à la mouche

Pourquoi utilise-t-on une soie pour la pêche à la mouche ?

Pour tous ceux qui n’ont aucune notion de pêche à la mouche, l’utilisation de cette espèce de gros fil coloré n’a de cesse de surprendre. Fer de lance de la pêche à la mouche, la soie est composée d’un tressage de fils, recouvert d’un polymère pour lui assurer un poids, une densité et une glisse dans les anneaux. Avant tout chose, il est important de bien comprendre le principe de la pêche à la mouche. La pêche à la mouche est une pêche où on doit propulser à plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres, un appât qui fait parfois moins d’un gramme. Si on compare avec la pêche aux leurres, par exemple, lorsqu’on lance un leurre souple de quinze grammes, c’est avant tout le poids du leurre, et l’action du lancer, qui va propulser l’appât, et entraîner le fil. Dans la pêche à la mouche, c’est exactement l’inverse. Notre appât ayant un poids quasi négligeable, c’est donc le fil –plus exactement la soie– par son poids, par sa densité, et par l’action qu’on va lui donner en fouettant avec la canne, qui va acquérir de l’energie, et entraîner derrière elle le bas de ligne, et enfin notre mouche, pour pouvoir la présenter efficacement au poisson. Initialement fabriquées à partir de fibres naturelles, d’où le nom de « soie », les soies actuelles sont plus souvent synthétiques aujourd’hui, même si quelques puristes continuent de plébisciter la soie naturelle.

La taille de la soie

Les soies pour la pêche à la mouche sont caractérisées par un numéro (de #1 à #12) qui correspond à un poids pour une longueur donnée. De par sa construction, une canne à mouche est étudiée pour lancer une ou deux tailles de soie précises. Les numéros de soie les plus petits (#2, 3…) sont conçus pour les lancers discrets à courte distance. Les plus élevés (#8, 9, etc) sont réservés aux lancers lointains en lacs de montagne ou en réservoir. Sur les sites de fabricants, ou sur le blank de la canne, figure la mention de la longueur de la canne et des numéros de soie adaptés. Par exemple, une canne 9 pieds soie 4-5 pourra être équipée d’une soie #4 ou d’une soie 5. La longueur d’une soie est fixe, définie à 30 yards, soit 27 mètres. Il ne serait pas utile d’aller au-delà, car rares sont les pêcheurs amenés à réaliser des lancers supérieurs à 30 mètres.

soie-WF5

Soie plongeante, flottante, intermédiaire ?

Plusieurs types de soie sont disponibles en termes de flottaison. La plus classique est la soie flottante, car elle permet de pratiquer la pêche à la mouche sèche (flottante), la pêche en nymphe à vue ou en nymphe au fil. Mais d’autres soies existent : plongeantes, semi-plongeantes, etc, qui seront utilisées pour des applications spécifiques telles que la pêche à la mouche noyée.

Les profils de soie

Un autre paramètre tout aussi important à prendre en compte lors de l’achat d’une soie est le profil de la soie. En effet, même si l’apparence globale laisse percevoir un fil uniforme, une soie n’aura pas la même épaisseur en pointe que sur le reste de sa longueur.

Les soies DT (Double Taper ou « double fuseau »)

Les profils classiques utilisés en pêche à la mouche sont les soies DT (Double Taper), « double fuseau » en anglais, dont chacune des extrémités, va en s’affinant.

Les deux extrémités d'une soie DT sont en forme de fuseau
Les deux extrémités d’une soie DT sont en forme de fuseau

Cette dégressivité de la soie annonce celle du bas de ligne, qui va prendre place à l’extrémité (cette soie étant symétrique, on pourra l’utiliser de manière réversible lorsqu’elle sera usée, la partie installée dans le moulinet n’étant pas ou peu sollicitée). L’intérêt, le rôle de ce fuseau, est donc tout simplement de venir préparer cette dégressivité générale de la ligne, qui est très importante parce qu’elle va jouer un rôle sur le lancer.

Les soies WF (Weight Forward ou « poids décalé vers l’avant »)

Autre soie très utilisée, la soie WF, pour Weight Forward, autrement dit le « poids décalé vers l’avant ». Le profil de cette soie présente également un fuseau, mais celui-ci est décalé vers les neuf dernières mètres de la partie terminale.

Sur les soie WT, le fuseau, d'une densité supérieure, est décalé vers l'avant de la soie, pour accroître la distance de lancer.
Sur les soie WT, le fuseau, d’une densité supérieure, est décalé vers l’avant de la soie, pour accroître la distance de lancer.

Son intérêt est de présenter, à l’extrémité, un poids plus important, qui va faciliter les lancers et permettre d’atteindre des distances de lancer plus longues. Cette soie est très utilisée (par les débutants notamment), bien qu’elle demeure moins discrète sur les posers par rapport à une soie DT.

L’astuce

Certains pêcheurs optent pour une soie WF en début de saison, et passent sur une soie DT à la mi-saison, lorsque les niveaux d’eau baissent. Cette option permet des pêches « lourdes et lointaines » en début de saison, et plus courtes et discrètes à l’étiage. Généralement, on baisse au passage de la soie DT d’un point de soie, pour gagner encore en discrétion. Par exemple, WF5 en début de saison, et DT4 durant la période estivale.

Les autres types de soie

Il existe également des soies de types TT (Triangle Taper), à fuseau allongé, qui sont une forme de combinaison des soies WF et DT. Mais aussi des soies L, ou « Level line », qui sont des soies parallèles, que l’on pourra utiliser pour la pêche en nymphe au fil.

Les autres vidéos de la série pêche à la mouche

Si vous souhaitez progresser, ne manquez pas les autres articles de la série « pêche à la mouche » :

Et toujours…

La playlist « Pêche à la mouche sur la chaîne YouTube Alpes Fishing ».

Voir aussi

La série « montage de mouches« .

Quel bas de ligne pour la peche à la mouche ?

À l’extrémité de la canne à mouche, en action de pêche, le bas de ligne a lui aussi un rôle capital. C’est en effet de sa longueur, de sa dégressivité et d’une manière plus générale, de la façon dont il va retransmettre l’énergie du lancer, que dépendra votre réussite dans la pêche à la mouche. Des bas de lignes de type « queue de rat », utilisés par les débutants (mais pas que…) jusqu’aux bas de ligne à nœuds, qui permettent d’élaborer des formules de bas de ligne « sur mesure », Alpes Fishing s’intéresse ici aux paramètres importants de la composition d’un bas de ligne. Quelle longueur ? Quelle dégressivité ? Plutôt qu’une énième formule toute faite, qu’on appliquera sans réellement la comprendre, nous vous indiquons les bases d’un processus visant à maîtriser l’utilisation d’un bas de ligne « standard », et les clés qui vous permettront de l’adapter ensuite à vos types de pêche, en l’allongeant davantage, ou en lui donnant plus de puissance au lancer.

Bas de ligne mouche, de type queue de rat.
Bas de ligne mouche, de type queue de rat.

Queue de rat ou bas de ligne à nœuds ?

On distingue plusieurs types de bas de ligne :

  • La queue de rat : il s’agit d’un nylon dégressif sur toutes sa longueur, dont le diamètre initial débute autour de 45/100e, pour s’achever en 18, 14 ou 12/100e, selon les modèles. Son intérêt est la facilité de mise en œuvre.
  • Le bas de ligne à nœuds : plus complexe à réaliser, il est composé de portions de nylon d’un diamètre généralement dégressif (45/100e, 40/100e, 35/100e, etc), et de longueurs (de 20 cm à 100 cm en règle générale) permettant d’aboutir à un profil spécifique. Il existe d’innombrables combinaisons de bas de ligne, et c’est là tout son intérêt. Aboutir à un bas de ligne personnalisé, correspondant à une longueur et à une action de lancer recherchée.
  • Il existe d’autres types de bas de ligne, telles les lignes tressées ou les « level lines », sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir ultérieurement.

Si vous débutez, faites simple, optez pour une queue de rat. À terme, vous enviendrez probablement à fabriquer vos propres bas de ligne à nœud, parce que autant en termes de diamètre qu’en termes de longueur, vous allez pouvoir choisir intégralement la composition et la morphologie exacte de votre bas de ligne.

Quelle longueur de bas de ligne ?

La longueur du bas de ligne va dépendre de plusieurs paramètres : la longueur de votre canne, la taille du cours d’eau, le type de pêche (sèche, nymphe, polyvalent, etc). Mais cette longueur de bas de ligne va également être guidée par votre capacité à lancer. En effet, plus votre bas de ligne est long, plus il va être délicat, difficile à lancer. Donc au fur et à mesure que vous pratiquez, que vous prenez de l’expérience, vous allez pouvoir allonger votre bas de ligne, si besoin, mais si vous débutez, ou si vous êtes encore perfectible sur votre lancer, alors restez sur un bas de ligne type queue de rat, assez court, autour de 2,50 m, maxi 3 mètres.

D’une manière générale, on augmente la longueur du bas de ligne dans deux situations types :

  • À mesure que larivière s’élargit,
  • À mesure que les eaux baissent.

Sur un torrent de montagne avec des eaux fortes, un bas de ligne court (2,50 m à 3,70 m) sera le plus à même d’exploiter la situation. Mais pour pêcher les eaux larges et calmes d’une rivière de piémont, un bas de ligne plus long (jusqu’à 5 à 6 mètres en grande rivère) sera nécessaire, à la fois pour limiter le dragage (en allongeant la pointe) et pour améliorer l’allonge et la discrétion.

La dégressivité du bas de ligne

Plus la conicité de votre bas de ligne est prononcée, plus votre ligne sera facile à lancer, et facile à diriger. C’est le cas quand on a un bas de ligne court (type débutant) ; la conicité, dans ce cas, elle est naturellement plus prononcée, et on a donc plus de facilités à lancer. A contrario, si on a une conicité faible, imaginons même le cas où on aurait une conicité nulle, avec un nylon en 18/100e en lieu et place de notre bas de ligne, comme ça se pratique pour la nymphe au fil, le lancer va être nettement plus compliqué.

Il existe une multitude de combinaison de bas de ligne, plus ou moins dégressif. Plutôt qu’une formule toute faite, je recommande plutôt d’adopter un bas de ligne le plus polyvalent possible, et d’être capable de le faire évoluer à la demande, ou à mesure que l’on prend de l’expérience.

En rivière de montagne, j’utilise régulièrement la formule suivante :

50/100e 45/100e 40/100e 35/100e 30/100e 25/100e 20/100e
50 cm 45 cm 40 cm 35 cm 30cm 25 cm 20cm

À l’extrémité de ce bas de ligne d’une longueur de 2,45 cm, je réalise une micro-boucle, de manière à pouvoir placer une longueur (variable) en 18 ou en 16/100e d’avant-pointe, suivie d’une longueur plus importante en 14 ou 12/100e en pointe.

Outre le fait que sa formule est très simple à retenir (50/50, 45/45…), ce bas de ligne offre plusieurs avantages :

  • Il est très dégressif, et de ce fait très facile à lancer. Et donc adapté à des pêcheurs débutants.
  • Il est facilement évolutif. En torrent et ruisseau, sur une canne type 8′ #2-3 par exemple, on peut simplement retirer la première longueur en 50/100e pour réduire un peu la longueur et la puissance. Sur une rivière plus large, ou avec un vent marqué, on peut allonger les premiers brins pour gagner un peu en puissance, et allonger la pointe pour limiter le dragage et gagner en discrétion (poser parachute).

Comment allonger son bas de ligne ?

À mesure que vous gagnerez en expérience, et pour pêcher des rivières plus larges, vous allez probablement devoir allonger un peu votre bas de ligne.

Pour allonger son bas de ligne, tout en conservant un maximum d’efficacité au lancer, il va vous falloir veiller à trois paramètres principaux :

  • Augmenter la puissance du bas de ligne : on donne de la puissance à son bas de ligne en augmentant principalement les longueurs sur les gros diamètres, à la jonction avec la soie (: vous allez allonger un peu les portions en 4)5, 45, 40/100e…)
  • Conserver de la conicité : on veillera, à partir des diamètres en 35 et 30/100e, à réaliser des longueurs décroissantes, pour conserver une bonne dégressivité.
  • Allonger la pointe : un bas de ligne suffisamment puissant et dégressif sera à même de propulser une pointe (et une avant-pointe plus longue), de l’ordre de 1,50 à 2,50 m.

Quel bas de ligne pour pêcher à la fois en sèche et en nymphe au fil ?

Quand on parle de « pêcher en nymphe », en eaux rapides, en rivière de montagne, il s’agit à 99% en nymphe au fil. Cette technique particulière (vidéo à venir) fait appel à un matériel et à des techniques qui sortent un peu du champs classique de la pêche à la mouche telle qu’on l’imagine. Malgré tout, concrêtement, en rivière, en situation de pêche, nombreux sont les pêcheurs à basculer d’une technique à l’autre en fonction de l’activité, avec un bas de ligne « polyvalent », qui va nous permettre de pratiquer les deux techniques, simplement en changeant la pointe. On peut commencer en sèche, voire en tandem, avec une sèche et une nymphe, et en fonction des prises, privilégier l’une ou l’autres des techniques sur la suite de sa session de pêche.

  • Solution n°1 : on peut toujours monter une nymphe sur notre bas de ligne sèche, en allongeant un peu la pointe, éventuellement faire un montage tandem, avec une sèche sur une potence et une nymphe à l’extrémité. Cette technique d’entame permet de se faire une idée de l’activité du jour. S’il y a des gobages sur la sèche, on pourra supprimer la nymphe et pêcher normalement en sèche. A contrario si on recense uniquement des prises sur la nymphe, on pourra alors opter pour la technique suivante.
  • Solution n°2 : pour pêcher réellement en nymphe au fil, on va avoir besoin d’un bas de ligne assez puissant (pour être efficace avec la solution n°1), et idéalement assez long, autour de 3,70 à 4,20 m (environ 1,3 longueurs de canne). Ce bas de ligne n’est pas destiné à « fouetter » ; la soie, elle, demeurera intégralement dans le moulinet car elle aura tendance (sauf petits diamètres de soie type 1 à 3 à créer un ventre handicapant entre les anneaux). Le bas de ligne restera, lui, principalement dans les anneaux, seule l’extrémité dépasse (environ 1/3 de canne) . Et à l’extrémité de ce bas de ligne, on va alors ajouter de quatre à six mètres de fluorocarbone en 18/100e, et enfin notre pointe. Cette prolongation « spécial nymphe » pourra être rangée sur un plioir lorsqu’on repassera en sèche pure. 

Si vous avez un avis, un commentaire, une question, n’hésitez pas à m’en faire part. Les expériences sont faites pour être partagées !