Apprendre le lancer pêche à la mouche en cinq minutes chrono

Apprendre la technique du lancer de la pêche à la mouche est à la fois une étape redoutée et une véritable motivation esthétique. Cette vidéo se penche sur ce B-A-BA de la pêche à la mouche, dont va dépendre votre réussite sur ce type de pêche.

Les deux vidéos précédentes de cette série « pêche à la mouche » étaient consacrées respectivement au choix de l’ensemble canne et moulinet mouche, d’une part, et aux soies et bas de ligne pour la pêche à la mouche, d’autre part. Une fois équipé, l’étape suivante va être de vous familiariser avec votre matériel, et d’apprendre la technique du lancer de la pêche à la mouche.

Apprendre la technique du de la pêche à la mouche 

Pour bien comprendre la logique du lancer et de la pêche à la mouche dans son ensemble, il n’est pas inutile de revenir à la raison fondamentale de ce lancer : la mouche. Cette mouche, artificielle, possède en effet une caractéristique primordiale : son poids, très faible, de l’ordre de quelques grammes. Contrairement à la pêche aux leurres, où c’est le poids de l’appât (cuillère, poisson nageur, leurre souple…), qui, sur l’action du lancer, va dérouler votre fil, la pêche à la mouche présente la situation inverse. Dans la pêche à la mouche, c’est le poids du fil (la soie) qui, par sa dynamique exercée par l’action de lancer, qui va entraîner l’appât (la fameuse mouche).

En fouettant avec la canne, cette soie va en effet réaliser des larges boucles au dessus de notre tête, acquérir une énergie et, grâce à la dégressivité du bas de ligne, se dérouler sur toute sa longueur, et ainsi entraîner la mouche pour pouvoir la présenter au poisson à l’endroit choisi.

Pêche à la mouche

Les deux points-clés du lancer mouche

L’action de « fouetter », caractéristique de la technique du lancer mouche, nécessite un apprentissage et une gestuelle précise. On constate en effet, chez les débutants, des « défauts » qui rendent le lancer aléatoire, imprécis, voire totalement inefficace. Aussi, il est important de s’attarder quelque peu sur certains « détails » (qui n’en sont pas…).

Le tempo du mouvement

Le lancer mouche procède d’une oscillation avant-arrière de la canne. Mais on constate parfois chez les pêcheurs débutants un défaut de « tempo ». Contrairement à l’oscillation d’un métronome, qui est continue, le lancer mouche alterne les phases dynamiques (déplacement énergique de la canne) et les phases de pause, durant lesquelles la soie se déploie.
On conseille parfois aux débutant de ne pas sortir trop de soie. En règle générale, on sort de la soie pour atteindre des distances plus longues, et que pour atteindre des grandes longueurs, il faut déjà avoir compris le mouvement. Mais a contrario, sortir trop peu de soie est également un frein à la compréhension du lancer. Si vous avez trois mètres de soie sortis, vous aurez tendance à engager tout de suite le mouvement suivant, et du coup faire un peu le métronome, sans interruption, alors qu’avec dix mètres de soie, vous aurez forcément à attendre qu’elle se soit déroulée entièrement avant d’engager votre mouvement dans le sens inverse.
À titre personnel, pour celui qui cherche à apprendre la technique du lancer de la pêche à la mouche, je conseille de sortir une dizaine de mètres de soie, justement pour que la soie ait bien le temps de se déplier, et que le pêcheur ait également bien le temps de sentir cette temporisation, ce temps d’arrêt, indispensable à la compréhension du lancer mouche.

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La position de la canne durant le lancer

Le second point-clé concerne la position de votre canne durant le lancer. On parle souvent de 10h-12h ou de 12h-14h à propos de la position de la canne, en référence aux aiguilles d’une pendule. Pour bien comprendre cette image, rien ne remplace une vue latérale, présentant : 

  • Un plan de trajectoire de la soie (en violet), légèrement incliné vers l’avant. Le point de tangence de ce plan sur une pendule centrée sur le poignet du pêcheur est autour de 12h30-13 h.
  • La canne en position arrière se situe à environ 11h30-12h.
  • La canne en position arrière est autour de 14h.
Vue technique de la position de la canne lors du lancer dans la pêche à la mouche

Le point très important à retenir pour réaliser un lancer « classique » est de ne pas aller plus loin que ces deux positions, à l’avant comme à l’arrière (sauf lancer spécifique). Un pêcheur capable de mettre en application ces deux points, la temporisation entre les deux actions, d’une part, et la position avant-arrière de votre canne, sera capable de réaliser ses premiers lancers sans difficulté.

Les autres vidéos de la série pêche à la mouche

Si vous souhaitez progresser, ne manquez pas les autres articles de la série « pêche à la mouche » :

Et toujours…

La playlist « Pêche à la mouche sur la chaîne YouTube Alpes Fishing ».

Voir aussi

La série « montage de mouches« .

Progresser au lancer mouche

Apprendre la technique du lancer de la pêche à la mouche requiert une peu de pratique. Avant de pratiquer le lancer en rivière, prenez le temps de vous entraîner en extérieur dans un espace bien dégagé, sur un pré ou une pelouse (évitez le macadam, trop abrasif pour la soie). À l’extrémité de votre pointe, fixez un petit bout de laine, un rigoletto ou un petit bloc de mousse (inutile de mettre une mouche, que vous risqueriez juste de perdre si elle s’accroche dans les herbes ou dans les branches).

Sortez une dizaine de mètres de soie, et démarrez, simplement, en veillant bien à respecter les deux positions 11h30-12h à l’arrière, 14h à l’avant, et en marquant bien la temporisation entre vos mouvements pour bien laisser dérouler votre soie. Très rapidement, vous allez « sentir » votre lancer, sentir votre soie partir devant, la voir se déplier, déterminer le moment parfait pour entamer le mouvement suivant, sentir votre soie repartir vers l’arrière, et imaginer (par symétrie avec ce que vous observez sur l’avant) le moment idéal pour renvoyer votre canne vers l’avant, etc.

Une fois que vous aurez intégré cette gestuelle, et que vous aurez obtenu des trajectoires fluides avec votre soie, vous allez pouvoir intégrer, progressivement, plusieurs éléments.

Attention au casser de poignet !

Attention, lors du lancer, à ne pas « casser le poignet ». Le mouvement avant-arrière s’effectue principalement avec l’avant-bras, le coude collé au corps. Le fait de casser le poignet est bien souvent la cause principale qui mène à dépasser les positions avant-arrière, et aboutit à une « soie en S » lors du lancer. Pour améliorer votre gestuelle, n’hésitez pas à réaliser une vidéo de votre lancer, de profil, qui révèlera un éventuel « poignet cassé » lors du lancer.

Une fois que vous aurez intégré cette gestuelle, et que vous aurez obtenu des trajectoires fluides avec votre soie, vous allez pouvoir intégrer, progressivement, plusieurs attitudes clés : 

La rotation du poignet

Entre deux mouvements avant- arrière, si vous restez parfaitement dans le même axe, à la verticale, il y a de fortes chances que votre soie suive la même trajectoire vers l’avant et vers l’arrière. Le risque, dans ce cas, est que votre ligne vienne heurter votre canne, voire que votre mouche vienne s’enrouler autour du blank. Pour éviter cela, au moment où vous ramenez votre canne vers l’arrière, exercez une très légère rotation du poignet vers l’extérieur pour que votre soie reparte vers l’arrière sur une trajectoire légèrement différente. Au final, si on observe la situation vue du dessus, l’idée est que la trajectoire de votre soie décrive un léger ovale. Dans ce cas, il y a moins de risque que votre mouche vienne heurter votre canne.

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Réussir son poser

Le poser est la phase d’aboutissement du lancer. Il succède immédiatement aux « faux lancers ». Durant votre lancer, la canne alterne, avec une temporisation à chaque fois, entre les position midi, en arrière, et 14 heures, à l’avant. Si on affecte un numéro à chaque position (le 1 pour la position arrière, et le 2 pour la position avant), le lancer présente un tempo 1-2-1-2-1-2. C’est ce tempo que l’on appelle « faux lancers » : ils servent à la fois à ajuster la longueur de la soie, pour atteindre la distance souhaitée, mais également à sécher la mouche entre deux posers.
Pour le poser, sur le même tempo, nous allons intégrer un nouveau numéro, le numéro 3, à la position 15 heures. L’erreur classique du débutant est de ne pas intégrer de temps d’arrêt avant le poser (une temporisation entre le 2 et le 3). Le tempo correct est en effet 1-2-1-2-1-2-3 (et non 1-2-1-2-1-3). On constate sur la vidéo associée à cet article un temps d’arrêt après le dernier 2, qui va laisser à la soie le temps de se dérouler totalement. Et au moment où l’extension est quasi maximale, au lieu de repartir vers l’arrière, on va simplement baisser la canne, pour réaliser le poser (postion 3, à 15 heures).

Ajuster sa distance de lancer

L’ajustement de la distance de lancer s’effectue à l’aide de faux lancers. Lors du lancer, on saisit de sa main libre l’excédent de soie en sortie de moulinet. C’est cette main qui va « libérer » de la soie, et permettre d’ajuster la longueur de lancer.
Lors du lancer, le pêcheur pourra sentir, sur cette seconde main qui tient la soie, une tension lorsque la soie se déplie vers l’avant ou vers l’arrière. On obtiendra progressivement la longueur de lancer souhaitée en laissant filer, à cet instant précis où l’on ressent la tension de la soie, quelques dizaines de centimètres de soie à chaque mouvement. Cette pratique est très simple, très sensitive, et permet de dépasser dix à quinze mètres sans problème, ce qui est largement suffisant sur nombre de rivières.
Pour atteindre des distances plus importantes, on pourra procéder à des tractions de la soie au moment de relancer la canne vers l’avant ou vers l’arrière (on parle de double traction lorsque cette tirée est exercée sur les deux mouvements). Cette technique nécessite un entraînement et une pratique régulière pour être utilisée efficacement, et s’adresse à des lanceurs plus expérimentés.

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Les différents types de lancer mouche

Apprendre la technique du lancer de la pêche à la mouche suppose de maîtriser plusieurs types de lancers, qui reprennent généralement les bases acquises par le lancer classique :

Le lancer classique

Il s’effectue « coup droit » au dessus de l’épaule qui tient la canne, avec une légère inclinaison par rapport à la verticale. C’est le lancer de base de la pêche à la mouche.

Le lancer en revers

Sur le même principe que le lancer classique, le revers s’en distingue par la position croisée de la canne par rapport au buste (comme pour le revers au tennis). On l’utilise généralement lorsque la végétation nous empêche d’utiliser le lancer classique, ou pour atteindre des postes sur la berge du côté où l’on tient la canne

Le lancer latéral

Le lancer latéral (ou balayage latéral) est très utile en petite rivière, et/ou lorsque les branches surplombent la rivière, car il évite que la soie ne s’élève trop sur l’eau. C’est également un excellent lancer pour atteindre les postes sous les branches, le long des berges. C’est, en outre, un lancer très intéressant pour les débutants, car il permet de visualiser sa soie à l’avant et à l’arrière, contrairement aux deux lancers précédents, où l’on ne visualise que le lancer vers l’avant.

Le lancer en rouler (ou roulette)

Ce lancer est utilisé lorsque la végétation (ou un talus) nous empêche de déployer la soie vers l’arrière. L’idée consiste à positionner la soie devant soi, en remontant progressivement la canne en position « arrière » (position 1, à midi), et à exercer un lancer énergique vers la position « avant » (position 2, ou 14h) en allongeant son bras. La soie va alors se « dérouler » progressivement sans nécessité d’avoir à se déployer, au préalable, vers l’arrière.

Ces différents lancers feront l’objet d’articles et de vidéos plus détaillées prochainement.

À voir également sur le web

La série « Technique lancer » de Mouches Devaux

Impossible de ne pas citer l’excellente série de quatre vidéos proposées par la chaine Mouches Devaux sur YouTube, dans laquelle Jean-Marc Chignard nous enseigne l’art du lancer mouche.

Les quatre vidéos sont disponibles aux liens suivants : 

En passant, n’hésitez pas à consulter les autres séries de la chaînes, notamment « Deux frères à la mouche » (ma préférée) ou encore « Rivière de diamants ».

Merci @Albanfremont pour l’aide apportée dans la réalisation des images de cette vidéo. 🙏

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